Spectacle: l’ouverture du goût

Les Français prennent leurs repas très sérieusement, c’est clair avec tous les entretiens, les articles, les personnages qui contribue à la conversation sur l’importance des traditions de la repas (être à l’heure, ne pas grignoter dans le jour, avoir les plats et parties du repas traditionnel). En fait, les Français sont passionnés par leur tradition d’alimentation, qu’ils ont créé un spectacle autour d’une partie essentielle de la repas français : l’apéro.

La semaine dernière, notre classe a vu le spectacle Apérotomanie dans le théâtre La Manufacture à Avignon. C’était un spectacle non traditionnel, la scène était en plein air avec deux acteurs et l’audience qui entoure le « scène » sur des sièges dans un bar. À la première vue, on pense que c’est en fait un bar de vin et pas d’une scène. Les deux acteurs sont habillés en les uniformes des cuisiniers, avec les chapeaux aussi, et nous servent tous en jouant. On commence avec un verre du vin blanc et un petit monologue sur les idées de l’apéro, un petit débat sur le sujet de qu’est-ce que c’est considéré érotique ou pas, et le grillage des amandes sur une grille qui faisait partie du décor de la scène. J’étais très surprenante quand les acteurs continuaient de remplir les verres de leurs spectateurs, j’étais donné deux verres du vin blanc ! Aux États Unis, ce genre de choses est très avare, pas du tout généreux, surtout pour le prix d’entrée ! Après l’apéro les chefs/acteurs cuisinaient les petits blinis de la farine sarrasin (je crois) sur le grill, et nous ont donné un plateau avec des moulins remplis avec différentes épices. Le vin rouge était servi aussi (si je me souviens bien) et après ça, ils/elles ont servi des rondes de plus de blinis, des champignons grillés, nous ont fait regarder un moment des cacahuètes (pourquoi je ne comprends pas), puis nous ont donné un type de jambon serrano, le fromage tête de moine (que nous avons été encouragés à essayer avec les différentes épices), et nous avons terminé avec la distribution des livres de la littérature érotique.

Malheureusement, j’ai eu beaucoup de mal à comprendre ce que disaient les deux acteurs, mais ce que j’ai retenu de ce spectacle, c’est l’idée de l’apéritif comme moyen d’ouvrir la bouche, le goût, les sens et la sensualité. L’apéritif est considéré comme érotique car il prépare la bouche et l’appétit à ce qui va suivre. Pour moi, ce spectacle représente non seulement une ouverture de l’estomac et du goût, mais aussi une ouverture de tous les sens. Parce qu’ils ont combiné le spectacle avec l’apéritif, tous mes sens ont été sollicités. J’admets que mon cerveau était un peu confus parce que la scène ressemblait à un restaurant ou à un bar et que je mangeais, mais que les événements qui se déroulaient étaient les monologues et les arts de la scène. Ainsi, il m’a semblé que tout mon être était ouvert par l’expérience de cette pièce. J’ai été stimulée par les parfums, les odeurs, les actions et les images, et les idées que les deux acteurs/actrices nous donnent et nous obligent à réfléchir. En somme, cette pièce de théâtre nous montre à quel point les Français tiennent aux rituels de leurs repas, et à l’importance de l’apéritif.

Cuisinier Pendant La Seconde Guerre Mondiale

Au cours de cette classe, nous avons discuté et analysé la cuisine et la culture françaises à travers le temps. Nous avons examiné comment le goût a influencé la manifestation de la « cuisine française ». En fait, nous avons même évoqué « le goût luxe » et « le goût nécessité » selon Bourdieu, qui soulignent dans quelle mesure l’argent et la classe sociale influencent la « cuisine française » consommée par les différents français. Cependant, qu’en était-il de la « cuisine française » face aux sévères contraintes de la seconde guerre mondiale ? Tout d’abord, les installations de cuisine disponibles étaient très importantes dans les types de plats pouvant être préparés. Pendant notre visite au musée de la Seconde Guerre mondiale à Fontaine-de-Vaucluse, cette question et bien d’autres ont trouvé une réponse. Ci-dessus, une image de la cuisine et des installations de cuisson précises dans le temps qui auraient été disponibles pour une personne moyenne qui vivait dans une région modérément développée pendant la seconde guerre mondiale. Bien que des choses comme une cuisinière, un four et même un évier soient toutes présentes, des choses comme les coupures de courant, la pénurie de gaz et les couvre-feux « éteints » pour éviter les bombardements ont limité la capacité d’utiliser toutes ces choses.

De plus, la capacité de cuisiner était limité par le rationnement alimentaire. Sur la photo ci-dessus, vous trouverez des exemples de cartes de rationnement qui ont été utilisées pour déterminer la quantité de nourriture qu’on était autorisé à acheter. Des ingrédients comme les pommes de terre, la viande, le sucre, le lait et les œufs ont été dirigés vers le front de guerre allemand, rendant ces ingrédients indisponibles pour le citoyen français moyen. Cette phénomène a limité considérablement les types de recettes pouvant être cuisinées. Les rations alimentaires limitaient les quantités d’aliments pouvant être achetés qui étaient disponibles et non destinés à l’effort de guerre. En fait, la pénurie était un grand problème parce que les rations alimentaires ne garantissaient pas l’accès à leurs aliments, simplement la possibilité d’essayer d’acheter ces aliments dans une certaine quantité. La rareté est ce qui a influencé les recettes de la « cuisine française » à cette époque. Ainsi, il était nécessaire que les gens apprennent à cuisiner avec une telle rareté.

Sur la photo ci-dessus, une collection de livres de cuisine datant de la seconde guerre mondiale. Le manque de viande et l’accent mis sur les fruits et légumes sont des thèmes communs de la cuisine française de cette période. En fait, beaucoup de ces recettes sont involontairement végétariennes ou végan à cause de la rareté des produits d’origine animale. Cette période de pénurie a souligné la valeur que les Français accordaient non seulement à leur « patrimoine culinaire » mais aussi à la qualité et à la variété des ingrédients de leurs recettes, ce qui est toujours vrai aujourd’hui.

Les femmes écrivains, la culture de la cuisine, et Perla Servan-Schreiber

Cette semaine, avec le projet sur les livres de cuisine, j’ai recherche une cuisinière et écrivaine—Perla Servan-Schreiber. En cherchant un peu d’information sur sa vie et son travail, j’ai réfléchi sur l’idée d’être une écrivaine d’un livre de cuisine. Comme on l’a lu cette semaine, les livres de cuisine étaient/sont souvent écrits par des femmes. Je trouve ça intéressant parce que je pense qu’en même temps ça renforce et contredit le rôle traditionnel des femmes. Les livres de cuisine sont souvent des recettes simples, parce que la haute cuisine n’est pas normalement faite maison. Alors, les femmes enregistrent la cuisine de leurs mères et grand-mères pour que les autres puissent manger ces plats de comforts. Cette action renforce les types de cuisine qui sont les plus accessibles aux femmes, mais aussi ce travail ouvert aux opportunités pour avancer leurs carrières.

Les livres de cuisine étaient/sont une manière importante de gagner la reconnaissance pour la cuisine et les nouvelles recettes. Si les livres de cuisine sont écrits par des femmes, c’est les femmes qui créent l’histoire enregistrée de la gastronomie française. Je pense que c’est tellement intéressant comment les femmes avaient ce pouvoir à définir et influencer la culture officielle de la France au même temps qu’elles n’étaient pas respecté dans l’effectif comme les cuisiniers. Je pensais que tout cela était important à considérer en considérant le monde de la cuisine moderne—le monde dans lequel Perla Servan-Schreiber travaille. En lisant son livre, Les 30 recettes d’été, j’ai remarqué comment la plupart des recettes reflétaient la culture et l’enfance de Perla Servan-Schreiber. J’imagine qu’il y a des recettes de sa famille dans ce livre, mais elles ne sont pas les recettes traditionnelles des mères françaises. Bien que ce livre inclue les recettes simples et réconfortantes, Perla Servan-Schreiber elle subvertit le rôle traditionnel des femmes françaises à maintenir la cuisine française par inclure les recettes de sa culture—les recettes marocaines—et des recettes de ses voyages.

C’est « Meilleur Ouvrier de France, » jamais « Meilleure Ouvrière de France »….

Dans le texte de Priscilla Ferguson, “Cooking and Chefing,” une ligne m’a vraiment frappée: “insofar as women are ‘consumed,’ they cannot produce” (139). Peut-être cette perception des femmes fait partie de ce qui les a tenues à l’écart des positions de pouvoir dans le monde patriarcal de la cuisine française. En faisant mes recherches pour ma présentation sur le “Meilleur Ouvrier de France,” j’étais surpris par les inégalités qui demeurent dans ce secteur. Jusqu’à 2022, seulement deux femmes ont reçu le titre prestigieux de MOF dans le métier de cuisine depuis presque un siècle. 

À travers l’histoire française, même si les femmes étaient toujours associées à l’espace de la cuisine, ce rôle dans la cuisine ne pourrait jamais occuper plus qu’une espace maternelle, domestique, et privé. Par contre, le monde de la cuisine française, la gastronomie, était un lieu occupé par les hommes; ce monde était public, convivial, quelque chose à partager, mais à partager plutôt avec les hommes. En regardant les textes venant du 17ᵉ et 18ᵉ siècle, on peut voir une forte division entre les deux genres. Le célèbre pionnier de la gastronomie littéraire qui a vécu la Révolution française, Grimod de la Reynière, a écrit un livre intitulé, “Discours d’un vrai gourmand: Avantages de la bonne chère sur les femmes.” Les femmes n’étaient pas seulement considérées incapables de la créativité culinaire, mais même pas de bonne compagnie pour apprécier de la nourriture avec. Grimod semble présenter une hiérarchie des façons dont on peut apprécier un repas : idéalement avec d’autres hommes bien éduqués, puis en solitaire, et enfin en compagnie d’une femme. Regardons-nous aussi à la citation au début de chapitre de Priscilla Ferguson: “Slave to routine, the impassive cook never leaves the beaten path, her crude and uninspired character is below the nobility of her functions… if a man hadn’t grabbed a hold of the frying pan, [culinary] art would have stayed where it was, and we would still be eating Esau’s lentils and Homer’s roastbeef” (131). Comme l’explique Ferguson, la professionnalisation des arts culinaires au cours du 19ᵉ siècle a exclu les femmes dans les espaces les plus publics et les plus élevés, une exclusion qui est encore apparente dans les restaurants haut de gamme en France aujourd’hui. Simplement dit, les “hommes de métier,” (139) ne pouvaient pas être les femmes.

Je trouve intéressant que cette exclusion des femmes soit particulièrement exagérée en France. En France, la cuisine bourgeoise a émergé dans l’ombre des normes aristocratiques, tandis qu’en Angleterre, la cuisine de la bourgeoisie a évolué d’elle-même, séparée de la cuisine des élites urbaines. Pour cette raison, les professionnels anglais, y compris plus de femmes, ont évolué à partir des pratiques culinaires plus domestiques associées aux ménages plus modestes et à la campagne. Tout cela montre que les choses doivent changer dans le monde de la cuisine française. Les femmes doivent avoir plus d’accès à cet espace. Comme dans tant d’autres secteurs (littérature, théâtre, etc.), il faut honorer les contributions des femmes, peut-être en créant les prix culinaires réservés aux femmes, ou rendre hommage aux femmes qui ont contribué au monde de la cuisine, mais dont l’histoire ne parle pas (mères lyonnaises).

Une Visite Significative au Musée d’Histoire Jean Garcin

J’ai vraiment apprécié la visite du Musée d’Histoire Jean Garcin à Fontaine de Vaucluse. Dans les livres d’histoire, nous apprenons les effets tragiques de la Seconde Guerre mondiale au niveau national et économique avec des pénuries alimentaires et la destruction de villes. Cependant, lors de cette visite, nous avons appris les changements au niveau local et communautaire pendant la guerre, spécifiquement dans le domaine de la cuisine. C’était intéressant de voir la culture alimentaire et la transformation des recettes et de la cuisine pendant une période de rationnement et de restriction. Les rations alimentaires ont été introduites pour limiter la consommation de produits comme les œufs, le beurre, la viande, et l’huile d’olive et assurer la distribution et l’accès généralisé à la nourriture parmi la population. Plusieurs livres de recettes ont été publiés pour s’adapter aux restrictions sur l’abondance des ingrédients et encourager l’ingéniosité avec les produits alimentaires. 

Cependant, nous voyons la subtile divergence par rapport au concept central d’un repas gastronomique français traditionnel dans ces recettes de rationnement. Un repas gastronomique français met l’accent sur la qualité des produits et des ingrédients, le plaisir du goût et l’exploration des saveurs. Il y a un sentiment de commensalité et d’unité à partager un repas avec sa famille et ses amis. Ory, dans La Gastronomie, dit que “la gastronomie n’est ni la bonne ni la haute cuisine. C’est la mise en règle du manger et du boire, transforme de ce fait en art de la table” (828-29). C’est un rituel social et un forme d’art constitué de règlements à suivre dans le but de ‘bien manger’. Il y a aussi l’importance de l’expression artistique et la présentation visuelle des aliments dans votre assiette. Certaines des recettes de rationnement pendant la Seconde Guerre mondiale comprenaient la cuisson de biscuits sans farine ou sans matière grasse. Il y avait une variété d’autres recettes créées sans utiliser de viande ou de beurre. Il y avait l’idée centrale de faire des plats avec peu d’ingrédients qui contraste avec la complexité et la richesse du profil gustatif d’un repas gastronomique français. Mais ces recettes étaient aussi très innovantes a cette époque. Les recettes ont éduqué les individus sur d’autres façons d’utiliser les ingrédients comme un moyen de conserver les produits alimentaires et de minimiser le gaspillage alimentaire.

Écolières de guerre

En étudiant les affiches faites par les écolières pendant la guerre, je me suis aperçue que je n’ai pas vraiment compris le contexte de cette décision gouvernementale française. Évidemment, j’ai compris qu’il y avait plus des femmes que les hommes en France pendant cette époque à cause de la lutte obligatoire dans la Seconde guerre mondiale, mais j’avais toujours des questions : pourquoi des écolières ? Pourquoi des affiches qui traitaient du rationnement ? Heureusement, après être allée au musée de la Seconde guerre mondiale, j’ai appris ce contexte et aussi j’ai vu un de ces affiches, ce qui était une occasion génial ! 

Une idée fausse que j’avais du rationnement pendant cette époque était que chaque personne ou chaque famille était garantie une quantité de nourriture limitée mais gratuite pendant la guerre. Cela n’était pas le cas, pourtant, et en réalité il y avait des quantités limités mais celles-ci coutait assez chères, donc même si on avait le droit de les achéter, parfois on n’avait pas assez d’argent pour faire cet achat. Des personnes étaient alors parfois poussées d’aller au marché noir pour achéter de la nourriture. L’augmentation de nombre des personnes qui font leurs achats au marché noir n’est ni bonne pour l’économié ni bonne pour l’envoie des provisions aux efforts de guerre.

Maintenant, on bien comprend le contexte de la choix des filles pour créer les affiches de promouvoir le rationnement. Même si ces filles étaient introduites aux réalités du monde à cause de la guerre, il y une association entre les filles et l’innocence; j’imagine que les personnes toujours fassent cette association, même pendant la guerre, pour tenir l’espoir des plus jeunes générations et leur avenir. Il y a une possibilité, à mon avis, que le gouvernement français a voulu créer cette association pour que à la fois les personnes aillent moins souvent au marché noir car ils se sentiront coupable de ne pas avoir écouté aux filles innocentes et aussi les personnes soient plus contentes avec le rationnement et l’associent avec l’avenir des filles pour qu’ils ne luttent pas contre le gouvernement Vichy, un gouvernement qui s’imposait. 

J’avait tellement de la chance d’avoir l’occasion de voir ces affiches au musée, et je vais continuer à réfléchir sur les croyances des filles et les choix du gouvernement français. 

Repas comme une nourriture de l’âme

En réfléchissant du film Babette, je me trouve moi-même de retourner du même sujet… la religiosité du repas de Babette. Très clairement il y a un aspect religieux de son repas, mais religieux dans une manière diffèrent, en contraste de l’ascétique communauté puritaine autour d’elle. Philippa un des sœurs ne poursuive une carrière dans la musique, ainsi on a une voix angélique quand Papin (un chanteur de l’opéra) l’offre quelque chose de plus. Martine, l’autre sœur, n’être pas marié, ainsi qu’on a plein des prétendants et un dieu-donné beauté. Rester en service à ta religion et n’ont pas de pensées pécheresses. Et les deux étaient résolus à ne pas penser à la jouissance ou au plaisir du repas de Babette.

Babette entre en scène, gagnant au loto 10,000 francs et que fait-elle de toutes ces richesses terrestres ? Elle le sacrifie sous forme de don à la communauté. Son repas apporte de la joie, de la communauté et de l’excitation pour ce qui est à venir. Certains pourraient même dire que c’est une préquelle aux plaisirs du ciel. Les membres autrefois divisés de la secte, s’effondrant après la mort du père de Philippa et Martine, Dean, qui était le chef de la secte, quittent la fête dans la joie et la camaraderie. Le repas de Babette interroge la pratique de la religiosité. Comment accomplir correctement la religiosité ? La secte, dans ses manières ascétiques, ne faisait l’expérience que d’une partie du monde. Avec le repas de Babette, ils ont une compréhension plus entière et plus complète de leur existence. Babette a lui donné une nouvelle façon d’apprécier et reconsidérer sa manière d’aborder les choses

Je continue à penser à ce lien entre l’esprit, l’amour, la camaraderie (toutes ces notions et sentiments spirituels et éphémères) et la nourriture. Le repas final de Dieu, Ramadan, Nouvel An lunaire…presque toutes les cultures ont un lien spirituel avec manger et non-manger. Pourquoi fête-t-on les anniversaires en mangeant une douceur (gâteau), ou un aliment spécial (des nouilles pour la longévité) ? Qu’est-ce que cela signifie, au-delà du simple sacrifice, lorsque nous renonçons à la nourriture (Ramadan, l’observance du Carême où l’abstinence d’un groupe alimentaire est couramment pratiquée). Qu’y a-t-il dans la nourriture qui en fait, historiquement, l’accompagnement le plus courant des événements d’importance ? Est-ce le fait que la nourriture donne la vie et doit donc être associée à des pouvoirs spirituels que nous vénérons ?

Mythologie Slave: Soupe Bortsch

Dans Mythologies, Barthe évoque le côté dangereux des mythes, parlant de comment les mythes peuvent être utilisés comme des armes. Il écrit qu’il y a des “mythes fort aimables qui ne sont tout de même pas innocents” (72), et souvent, ils sont les produits “d’une expropriation” (72). Pour lundi, Professeure Corbin nous a demandé d’esquisser notre mythe. En réfléchissant à mon héritage russe, j’ai immédiatement pensé à bortsch, une soupe rouge à base de bouillon de viande ou d’os, de légumes sautés, et de betterave aigre. C’est une partie profonde de la culture culinaire slave. Je n’ai pas grandi avec cette soupe, mais avec son mythe. Une assiette creuse de soupe rouge au goût chaud et désagréable figurait fréquemment dans les récits de ma mère sur son enfance en Russie soviétique. Beaucoup de Russes considèrent bortsch, comme l’écrit Barthe à propos du vin, “un bien qui [leur] est propre” (69). 

En mai 2019, le Twitter officiel de la Russie a publié une carte de recette, une photo, et une vidéo d’instructions pour le bortsch, affirmant qu’il s’agissait de l’un des plats les plus appréciés de Russie, un classique intemporel. Les Ukrainiens, cependant, revendiquent la soupe comme la leur. Pour beaucoup, la revendication de la Russie sur un plat aussi typiquement ukrainien représente une tendance de l’oppression historique de la Russie sur la langue, la politique, et l’indépendance de l’Ukraine. 

Selon Olesia Lew, chef new-yorkaise et consultante en chef pour Veselka, le bortsch a probablement entré dans la mythologie soviétique à l’époque stalinienne à la suite d’un effort du Kremlin. Stalin a chargé son commissaire à l’alimentation, Anastas Mikoyan, d’établir une cuisine nationale soviétique qui s’adressait aux plus de 100 “nationalités” différentes trouvées dans l’URSS. Il était en train de produire de masse de l’identité culturelle. 

En réponse au Tweet, beaucoup de chefs ukrainiens ont demandé à l’UNESCO de faire reconnaître le bortsch comme un élément du patrimoine culturel ukrainien, qu’il est si distinct que personne d’autre ne peut dire qu’il l’a inventé. En 2022, l’UNESCO a inscrit la culture de cuisiner le bortsch dans la liste: “Intangible Cultural Heritage in Need of Urgent Safeguarding.

En contexte de l’invasion russe de l’Ukraine, cette dispute a de lourdes implications sur la manière dont les mythologies peuvent être des armes. La nourriture est toujours partagée à travers le monde; à mesure que les personnes se déplacent, la nourriture se déplace et se répand. La nourriture peut unir les personnes. Mais, quand un mythe essaie de priver des autres gens de leur propre mythe, ou rejette leurs mythes culinaires, les choses se compliquent. Alors que certains soutiennent que le bortsch n’appartient vraiment à personne et qu’il devrait être «partagé», beaucoup  d’Ukrainiens affirment que partager leur patrimoine n’est pas une option, surtout pas en ces temps. Ils revendiquent leur mythe comme le leur. 

Questions pour réfléchir: Qui a des droits sur certains mythes ? Qui crée ces mythes ? Quel rôle jouent-ils dans la société et à l’échelle politique plus large ? Comment les mythes sont-ils utilisés pour exploiter les autres ?

Comme l’indique Barthe, la puissance et l’importance de la mythologie culinaire ne peuvent pas être niées.

Gastronomie [franco-]africaine?

Cette semaine, pendant notre visite à la bibliothèque Ceccano, j’ai découvert un livre qui date de 1930: La Gastronomie Africaine. Elle est une collection de recettes nord-africaines, d’extraits d’autres œuvres écrites, un dictionnaire, des traditions et de coutumes culinaires, et d’étiquettes et de manières à table chez des cultures différentes. Tout cela apparaît en ordre alphabétique. J’y trouve aussi des recettes bien connues chez les français (la bouillabaisse, le couscous, le potage, etc). 

 L’auteur, Léon Isnard, dans son introduction révèle qu’il écrit ce livre pour les jeunes femmes (probablement à l’Hexagone) qui veulent s’éduquer sur la gastronomie et qui veulent se marier. Je me demandais pourquoi les français s’intéressent à la gastronomie africaine et particulièrement pourquoi les jeunes femmes françaises auraient voulu se familiariser avec ces recettes… En fait, en 1930, le Maroc, la Tunisie, et l’Algérie (les pays mentionnés dans ce livre) étaient encore sous la domination coloniale des Français. Ainsi, j’en ai déduit que ces précieux atouts de l’empire colonial participaient à une sorte d’échange culturel et que, par conséquent, le peuple métropolitain s’intéressaient a ces nouveaux plats outre-mer. 

De plus, je trouve intéressant que La Gastronomie Africaine ne soit composée que des recettes des territoires de l’afrique du nord même lorsque les français contrôlent également l’afrique de l’ouest a cette époque…. C’est un grand continent plein de diversité de cultures et de gastronomies différentes mais l’exclusion de certaines régions révèle ce genre de préjugé quand il s’agit des intérêts des français à l’époque. Peut-être que certains plats nord-africains étaient beaucoup plus faciles à incorporer (de s’approprier) dans la cuisine française (de nos jours, le couscous est l’un des plats les plus appréciés chez les français). Ou peut-être, il est possible que ces autres cuisines soient trop loin (trop unique) de l’identité française (ainsi, on se demande qui est considéré un francais?). En tout cas, c’était un livre qui relève plusieurs questions concernant la relation entre la cuisine française et la cuisine “africaine.”

Grimod de la Reynière et La Révolution

Quand j’ai trouvé le livre Écrits gastronomique de Grimod de la Reynière à la bibliothèque, je me suis mise à lire ces textes du XIXe siècle que j’ai étudiés d’une manière beaucoup plus générale pour ma présentation. Au premier regard, j’étais surprise car dans mes recherches j’ai trouvé que M. de la Reynière n’est pas une personne historique connue par les Français en générale, donc je n’ai pas attendu ses œuvres de faire partie de la collection à la bibliothèque. 

Ce livre, publié en 1978, se divise en trois parties: la première traite de la biographie de de la Reynière (ayant beaucoup plus d’information sur sa vie que ce qui est disponible en ligne), la deuxième est son Almanach des gourmands (1803), et la troisième et son Manuel des amphitryons (1808). Ces œuvres mettent en relief comment, quand, quoi, où, et pourquoi manger. Après avoir déjà lu une partie de l’Almanach, j’ai décidé de me focaliser sur le préface du Manuel, plus précisément en faisant une lecture proche d’une partie qui discute de la Révolution (de 1789). Dans quelques paragraphes, il souligne le grand rôle de la Révolution en aidant à créer la gastronomie. D’abord, il décrit la famine dans le pays avant la Révolution, et comment il n’y a que peu de personnes qui avaient accès aux ressources alimentaires; de plus, il renforce l’idée que l’augmentation de la nourriture crée de plus en plus de l’art, particulièrement de l’art culinaire. Son idée principale, pourtant, est que la Révolution a sauvé les vies des personnes qui sont devenues après les cuisiniers.

Autant que j’étais surprise d’avoir vu les œuvres de de la Reynière, j’étais beaucoup plus étonnée du niveau de franchise dans son écriture. Même s’il était connu pour questionner le statu quo, il faisait partie d’une famille riche avec des origines de noblesse, les personnes qui étaient ciblées et tuées pendant et après la Révolution. En outre, on a discuté en classe comment les personnes qui avaient le plus d’accès aux livres gastronomiques – comme ceux de de la Reynière – étaient principalement les personnes riches. En pensant à ce contexte historique, je me demande si ce texte était vu par le lecteur général d’être radical, ou si après la Révolution, plusieurs personnes avaient cet avis. De plus, je me demande si la réaction générale était positive ou négative. 

Malgré ces questions, je suis contente d’avoir vu cette œuvre comme partie du patrimoine gastronomique français. 

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