« Tout le monde peut cuisiner »: le récit inclusif de Ratatouille

À première vue, Ratatouille semble être un récit charmant: un rat paria se trouve à Paris pour réaliser son rêve de devenir chef cuisinier et nous ne nous posons pas beaucoup de questions sur le reste. Par conséquent, le film est souvent considéré comme un film simple pour les enfants. Cependant, tous les parents versés ou fans de Disney-Pixar sait que ces films ne sont pas seulement des animations joyeuses, mais qu’ils contiennent souvent des récits plus profonds et plus significatifs. Dans son article « What’s Queer about Remy, Ratatouille, and French Cuisine? » Laure Murat explique comment les créateurs de Ratatouille ont utilisé le cadre de la narration centrée sur la cuisine française pour démontrer l’inclusion de la communauté queer. Pour commencer, Laure Murat souligne que Remy ne correspond pas aux rôles de genre hétéronormatifs établis par son père et son frère, et que sa préférence pour passer du temps avec d’autres espèces lui vaut d’être mis à l’écart par sa communauté de rats, qui insiste sur une division plus stricte.

Remy: Every bird has to leave the nest

Django: We are not birds, we are rats! We don’t leave the nest, we make it bigger!

Remy: Perhaps I am a different kind of rat!

Django: Maybe you are not a rat at all!

Remy: Perhaps that is a good thing!

Nous voyons ici une interrogation sur l’identité personnelle qui pourrait se refléter dans le genre ou la sexualité. Ce qui est important, cependant, c’est que Remy affirme avec confiance qu’il se sent différent et qu’il se sent bien dans sa différence. Surtout parce que le film est destiné à un jeune public (et que les adultes peuvent être plus enclins à accepter des messages subliminaux comme des vérités s’ils sont présentés sous une forme enfantine), il est significatif que Pixar ait choisi de représenter Remy comme si confiant et fier de ses différences, tout en notant également ses luttes. Murat trouve d’autres symboles de l’identité queer, comme la toque du chef qui représente le placard. Remy est dans le chapeau (ou dans le placard), et nous, le spectateur, pouvons le voir et sommes conscients de son identité cachée, et lui-même peut voir à l’extérieur du chapeau (ou du placard), mais personne d’autre ne peut voir à l’intérieur. Il y a aussi la nature taboue de la relation qui se forme entre Linguini, un humain, et Remy, un rat. Leur connexion inter-espèces illustre un partenariat extrêmement peu conventionnel, mais le spectateur n’est jamais amené à penser que cette différence est une faiblesse.

Bien sûr, tous ces messages sont enveloppés dans la devise inclusive de l’Auguste Gusteau qui apparaît et réapparaît tout au long du film pour déclarer: « Everyone can cook! ». Oui, tout le monde, pas d’exception, pas d’exclusion. C’est une démonstration d’inclusion et d’acceptation des différences qui donne du cœur à la cuisine française. Alors que la France est l’un des pays les plus progressistes au monde pour les droits des LGBT, la phrase est particulièrement significative si on considère la division encore observée dans le pays avec l’exclusion des minorités raciales et la brutalité policière. J’ai également trouvé particulièrement remarquable que les réalisateurs aient choisi de centrer le récit sur la cuisine française. En réalité, le scénario aurait pu mener Remy n’importe où – chez un tailleur, dans une bibliothèque ou dans un magasin de jouets. Cependant, le choix de la cuisine, et de la nourriture, centre le récit sur quelque chose que tout le monde a en commun – tout le monde mange, tout le monde cuisine. C’est un égaliseur, et en même temps un endroit où il y a de la place pour une grande diversité, à la fois dans les personnes qui cuisinent et dans les plats qui sont préparés. Si nous retenons quelque chose de Ratatouille, c’est que oui, tout le monde peut cuisiner, mais surtout qu’il y a de la place pour tout le monde dans la cuisine.

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