Ensemble: La nourriture et la connection humaine

Dans les extraits du livre Les Années d’Annie Ernaux, le narrateur révèle qu’ « on se demandait ce qui nous liait, ni le sang, ni les gènes, seulement le présent de milliers de jours ensemble, des paroles et des gestes, des nourritures, des trajets en voiture, des quantités d’expériences commune…. » (200) Ainsi, le narrateur explique que l’attachement entre les adultes, les enfants, et leurs ami(e)s n’est pas le résultat d’un lien génétique mais plutôt des expériences partagées comme celles des trajets et du temps qu’ils passent à table. Cette citation est importante car Ernaux répond à une question fondamentale de l’humanité: qu’est-ce qui fait que les gens se sentent plus attachés à certaines personnes qu’à d’autres? L’évocation de la nourriture comme un aspect plus important que le sang et les gènes souligne son importance (elle est souvent oubliée!) Ainsi, on pourrait dire que la nourriture est une sorte de culture partagée (une culture = des idées, des coutumes et des comportements sociaux d’un peuple ou d’une société) qui nous rapprochent des autres. En conséquence, le texte d’Annie Ernaux nous rappelle de l’importance de la gastronomie en générale non seulement dans la culture française mais aussi dans toutes les cultures autour du monde. 

D’après mon expérience personnelle, je n’avais pas réalisé à quel point la nourriture jouait un rôle important dans mes relations avec les autres. Par exemple, quand on me demande comment certaines relations sont nées, je parle souvent de notre héritage partagé (e.g., “nous sommes toutes africaines”). Pourtant, dans ces similarités en termes d’expérience, il y a aussi des plats que je trouve en commun avec leurs cultures. Cela conduit à une certaine familiarité et un confort que je retrouve chez les autres. Avec les amies, on a toujours des petites disputes pour savoir quel pays fait le meilleur plat de jollof mais tout est dans la bonne humeur (plus de bons souvenirs ensemble!)

L’Art de Plaisir Chez La Gastronomie Française

La gastronomie française est mondialement reconnue pour sa diversité, son raffinement et surtout, son plaisir. Elle a été élevée au rang de patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO en 2010, attestant de son importance à la culture française. Ce document exprime la signifiance du repas gastronomique des Français, se focalisant sur le goût et le plaisir, qui sont les aspects essentiels de cet art.

Le rôle du plaisir est primordial dans la cuisine française. Ce n’est pas seulement le goût ou la qualité des ingrédients qui compte, mais aussi la joie de cuisiner, de partager et de déguster. Cette notion de plaisir se retrouve non seulement dans la dégustation, mais aussi dans la préparation des plats. Par exemple, le processus de création d’un plat comme le cassoulet, qui demande du temps et de la patience, est une source de satisfaction en soi.
La cuisine française se caractérise par une large gamme de saveurs et de textures, qui sont conçues pour éveiller tous les sens. Les chefs français accordent une grande importance à l’harmonie des saveurs, ce qui exige une connaissance approfondie des ingrédients et de leur interaction. De plus, dans Gastronomie, Pascal nous explique ce phénomène : pendant le règne de Louis XVI, les chefs ont dû faire des compétitions d’innovation de cuisine, ce qui a mené la gastronomique Française à sa dominance mondiale.

Il existe aussi une notion de « terroir » en France, qui fait référence à l’influence de l’environnement local – le climat, le sol, l’eau – sur le goût des produits alimentaires. De région à l’autre, certains vins et fromages ne peuvent pas porter les mêmes noms. Cette appréciation du terroir ajoute un niveau supplémentaire de plaisir à la gastronomie française, car elle permet aux gastronomes d’explorer une variété de saveurs uniques à chaque région.

Enfin, la gastronomie française est renommée pour son art de la table. La présentation d’un plat, la disposition de la table, le choix des couverts, tout cela contribue à l’expérience culinaire. Comme le disait Brillat-Savarin dans son livre Physiologie de Goût, « Le Créateur, en obligeant home à manger pour vivre, l’y invite par appétit, et l’en récompense par le plaisir. »

La gastronomie française transcende le simple acte de manger, en créant une expérience de plaisir à travers l’art de la préparation, la diversité des saveurs et la richesse des traditions culinaires. Chaque bouchée est une invitation à apprécier l’art de vivre à la française, rendant la cuisine française unique et parfois délicieuse.

Cette semaine, j’ai goûté des escargots de « Chez Mamie ».

Mercier, les halles, et les tomates fraîches

Cet été, j’habite toute seule dans un petit studio à Avignon. Avant d’arriver ici, j’avais vraiment hâte de cuisiner pour moi-même ; planifier mes propres repas, acheter les produits qui ne sont pas accessibles aux États-Unis, et expérimenter avec des recettes étaient toutes des opportunités que je n’avais pas eu chez ma famille ou sur mon campus universitaire. Mais dès mon arrivée ici, le processus de faire les courses et la cuisine est souvent plus comme une pression constante de responsabilité et de culpabilité. D’habitude, je fais des achats au Carrefour près de ma résidence Crous, et je ne regarde que deux aspects des produits que j’achète : le prix et le nutri-score, s’il y en a un. Le défi est d’à la fois maximiser les économies et ma confiance dans la qualité des ingrédients. Normalement, le préconditionnement des fruits et des légumes à Carrefour veut dire que je prends une quantité de nourriture qui est tout à fait ridicule pour une seule personne, même si les produits peuvent rester frais pendant plusieurs jours. Contre mes objectifs originals, je me trouve en train de faire précisément ce qui détruit l’environnement et les petites entreprises agricoles en gaspillant énormément de nourriture qui aurait dû être mangée. 

Je décris tous ces défauts dans mon régime parce qu’ils me semblent beaucoup trop similaires à ce qu’a écrit Louis Sébastien Mercier dans son chapitre sur le panification, et parce que mon expérience en faisant des achats aux Halles d’Avignon m’a montré comment il est possible de manger mieux et d’être une meilleure partie de sa communauté en priorisant les ingrédients locaux et les rapports humains qui peuvent dramatiquement changer comment on pense de la nourriture qu’on achète. Mercier met l’accent sur la coûte humaine et écologique de l’obsession du pain, attirant notre attention à comment “ceux qui nous nourrissent vivent dans la disette” (p. 180). Cela est plus probablement vrai quand il s’agit des produits qui doivent traverser les frontières nationales par la route ou par la mer. Quand la nourriture vient de loin, il devient beaucoup plus difficile de deviner ses origines spécifiques et comment des personnes ou la terre peuvent avoir été exploitées pour qu’on puisse payer moins pour nos ingrédients. Un de mes premiers achats ici a été une boîte de tomates cerises, cultivées au Maroc. Je n’ai pas la connaissance de l’agriculture marocaine qui serait nécessaire pour dire exactement comment les graines de ces tomates sont devenues des tomates qui sont venues jusqu’à Provence, mais mon ignorance est l’essence du problème : quand on ne fait pas l’effort connaître sa nourriture, on ne connaîtra ceux et celles qui la produit non plus. Tout a changé pour moi le jour où j’ai décidé de faire mes courses aux halles, car chaque ingrédient que j’ai acheté était lié à non seulement une région ou ville (probablement en Provence), mais aussi à un visage, une voix, et une interaction humaine avec une personne avec une connexion plus profonde aux produits vendus qu’un.e employé.e à Carrefour. J’ai choisi mes légumes individuellement, donc je n’ai pas acheté des choses qui n’ont pas été déjà mangées. En cuisinant mon dîner après la visite des halles, j’ai mieux apprécié ce que j’avais, je n’ai pas eu de gaspillage, et j’ai pu penser aux bon moments passés en interagissant avec les vendeurs. 

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